Hawkesbury raconte le drapeau : 50 ans de fierté franco-ontarienne

24 septembre 2025

Le drapeau vert et blanc flotte au-dessus des écoles, des institutions et des maisons. Cinquante ans après sa création, il demeure témoin des luttes, des rêves et des rencontres. À Hawkesbury, ce symbole n’a jamais été aussi vivant. Pour marquer ce cinquantenaire, Berwin Sydney, coordonnateur marketing à la Communauté francophone accueillante (CFA) de Hawkesbury, réalise un reportage exclusif qui recueille le témoignage de natifs et de nouveaux arrivants. Différentes générations, différents regards pour comprendre comment ce drapeau a façonné la mémoire collective et continue d’inspirer l’avenir.

Des voix, une mémoire : le drapeau franco-ontarien vu de Hawkesbury

 

Aux origines d’un symbole

En 1975, à Sudbury, deux jeunes militants, Gaétan Gervais et Michel Dupuis, imaginent un drapeau capable d’incarner la francophonie ontarienne. Le 25 septembre, il est hissé pour la première fois. Cette initiative devient rapidement un acte politique et culturel. À Hawkesbury, ville située à la croisée de l’Ontario et du Québec, le drapeau est un repère. On le hisse lors des fêtes, on l’accroche devant les écoles, on l’exhibe lors des mobilisations. Cinquante ans plus tard, il conserve la même intensité symbolique.

Les luttes scolaires : le souvenir de Jean Villeneuve

Si le drapeau a trouvé un tel écho, c’est aussi parce qu’il est né dans un contexte de revendications. Dans les années 1960, étudier en français n’allait pas de soi en Ontario. Jean Villeneuve se souvient de son adolescence :

« Quand j’ai commencé en 1966 mon secondaire, tous les cours étaient en anglais. »

Au début des années 1970, des grèves étudiantes font bouger les lignes. Les jeunes francophones refusent de poursuivre leurs études dans une langue qui n’est pas la leur. La mobilisation est soutenue par les familles et les associations.

« Cette vague nous a permis d’aller plus loin. »

Ces luttes finissent par porter leurs fruits : l’enseignement en français est progressivement reconnu, des conseils scolaires francophones voient le jour, et une nouvelle génération peut enfin apprendre dans sa langue.

La résilience d’une communauté : la voix de Pierre Étienne Daignault

Au fil du temps, la communauté franco-ontarienne a dû défendre chaque acquis. Rien n’a été offert facilement. Mais chaque tentative de marginalisation s’est transformée en force de résistance. Pierre Étienne Daignault, avocat et directeur de la clinique juridique de Hawkesbury, l’exprime avec une image marquante :

« Ils ont essayé de nous enterrer, mais ils ne savaient pas que nous étions des graines. »

Ces mots disent tout : la francophonie ontarienne a appris à se réinventer. À Hawkesbury comme ailleurs, elle s’est enracinée plus profondément chaque fois qu’on a voulu la faire disparaître.

Un symbole tourné vers l’avenir

Aujourd’hui, le drapeau n’appartient pas seulement à ceux qui ont mené les luttes du passé. Il s’adresse aussi à ceux qui viennent d’ailleurs et choisissent de s’installer en Ontario français. Originaire du Cameroun, Yves Makemta raconte son premier contact avec le drapeau vert et blanc :

« Il me disait que j’étais dans une nouvelle communauté et que tout était permis de rêver par rapport au combat de la francophonie. »

Makemta promet, lui aussi, de continuer la lutte afin que le français demeure bien présent à Hawkesbury.

Conclusion

À travers ces voix, le drapeau franco-ontarien apparaît comme un fil conducteur. Il est mémoire des luttes scolaires, témoignage de résilience et promesse d’avenir. Cinquante ans après son premier lever à Sudbury, il continue de flotter haut à Hawkesbury, rassemblant les générations et accueillant les nouveaux visages. Un demi-siècle plus tard, il demeure un feu autour duquel la communauté francophone se réchauffe, se souvient et rêve encore.

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